Pierre Fakhoury, l’architecte des grands !

Pierre Fakhoury est né le 21 août 1943, à Dabou, dans le sud de la Côte d’Ivoire de parents libanais. Le père, de confession catholique grecque, et la mère, maronite, ont débarqué dans le pays en 1935, comme nombre de leurs compatriotes attirés par cette partie du continent à cette époque. Il suit toute sa scolarité au Liban, en pension dans une école catholique.

Dès son plus jeune âge, il fait montre de vraies qualités de dessinateur et se fait une petite réputation au sein de l’établissement scolaire en croquant les bâtiments du collège. « Tout le monde me disait que je serai architecte », explique-t-il. L’image lui colle déjà à la peau à cette époque, il y croit dur comme fer. Il a 9 ans quand sa mère, s’apprêtant à rejoindre Abidjan après un séjour au Liban, lui fait cette déclaration : « Promets-moi de désobéir à ton père et d’être architecte ». Il accepte, sans vraiment comprendre, mais tient à préciser : « Je suis déjà architecte ! » C’est la dernière fois qu’il verra sa mère, qui décédera quatre ans plus tard. Son père décide alors de rapatrier toute la famille en Côte d’Ivoire. Comme promis, Pierre refuse.   « Je suis resté au Liban jusqu’à mon bac, sans argent, sans jamais partir en vacances », se souvient-il. Et il réussit le tour de force de convaincre la direction de l’établissement catholique de le garder, même si son père refuse de régler la facture.

En 1965, il sort diplômé de l’école d’architecture de Tournai en Belgique, où il fit la rencontre son épouse, avec qui ils auront trois enfants : deux filles et un garçon. C’est en 1975, à 32 ans, qu’il s’installe enfin à son propre compte.

Pierre Fakhoury entrera dans les annales comme étant l’homme ayant piloté la construction de la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro (la plus grande du monde devant Saint-Pierre de Rome). Sous la coupole du président Félix Houphouët Boigny, l’architecte obtiendra des marchés de la plus haute importance.

On peut citer entre autres le transfert de la capitale ivoirienne d’Abidjan à Yamoussoukro amorcé en 1983, le mémorial Houphouët-Boigny, le palais du bord de mer du président gabonais Omar Bongo Ondimba, à Libreville, et même la construction du palais de Carthage d’Habib Bourguiba en Tunisie. Par ailleurs, il se verra confié le projet du prolongement de l’autoroute du nord d’Abidjan à Yamoussoukro, la construction de l’hôtel des parlementaires et bien d’autres bâtisses qui permettraient d’accueillir les institutions de la république.

En 2008, avec son fils Clyde Fakhoury, qui a abandonné son métier de courtier à Londres, il décide de tout remettre à plat en fusionnant la société de BTP PFO Côte d’Ivoire et le cabinet d’architecture Arche pour fonder PFO Africa.

La crise post-électorale de 2010 ne conduira pas Pierre Fakhoury dans les abîmes ; il obtiendra du nouveau régime le marché de la réhabilitation du siège de la Banque Africaine de Développement (BAD) estimé à plus de 50 millions de dollars (plus de 20 milliards de FCFA) et la rénovation du plus grand complexe hôtelier du pays, le Sofitel Hôtel Ivoire (propriété du groupe français Accor). Aussi, pour accélérer les travaux de construction de l’hôpital mère-enfant de Bingerville, la première dame ivoirienne Dominique Ouattara, l’appela à la rescousse.

Du reste, Pierre Fakhoury a laissé un bel héritage et un livre que continue d’écrire son fils, qui a pris les rênes de PFO Africa et réussit moult projets dont le plus récent est le parc d’exposition d’Abidjan. Pierre Fakhoury est un modèle de réussite et de démonstration que l’excellence se rétribue au meilleur prix.